L'architecture bioclimatique peut se définir comme une discipline visant à fournir le maximum de confort  à ses occupants avec le minimum de dépense d'énergie, en tirant le meilleur parti des éléments et matériaux naturels, du site et du climat dans lesquels elle est implantée. Le Centre d'application et de démonstration solaire du Castellet est un bâtiment quasiment autonome quant à son chauffage, sa climatisation d'été, son éclairage et son fonctionnement en général.

La brique de terre crue compressée joue ici tout son rôle d'échangeur thermique grâce à ses murs en 30 cm d'épaisseur servant à stocker les calories. La façade sud est équipée de murs Trombes, c'est à dire de murs capteurs doublés de vitrages venant renforcer le gain direct de chaleur. Le soir, des volets roulants viennent isoler le Centre et les murs intérieurs restituent la chaleur accumulée dans la journée. La façade nord est semi-enterrée et comporte peu d'ouvertures. Elle est ainsi protégée du froid. Par ailleurs, les murs qui ne sont pas capteurs sont isolés extérieurement, de façon à éviter les fuites de calories en hiver et inversement, le réchauffement des murs en été. Les entrées, soumises à de fréquents écarts de températures, sont conçues comme des sas avec doubles portes.

Le sol du bureau est constitué de briques de terre crue compressée, posées sur une isolation et un mortier de terre, d'une épaisseur totale de 35 cm environ. Au centre de cette dalle sont disposés des tuyaux en plastique réticulé à l'intérieur desquels circule une eau chauffée par des capteurs solaires extérieurs. Le déphasage thermique de la dalle est de 4 à 5 jours !

Ainsi conçu, le Centre solaire du Castellet, d'une surface de 220 m² et d'un cubage de 850 m3, subvient pour 90% à ses besoins en chauffage.

Les étés Provençaux sont réputés pour être particulièrement chauds. Le maintien de la fraîcheur dans le bâtiment est donc une priorité. L'avancée des toitures est calculée de façon à empêcher le rayonnement solaire direct en été (mais pas en hiver). Les façades peuvent aussi être abritées par les volets roulants, ou encore par une tonnelle végétalisée.

Par ailleurs, un système de "puits provençal" (ou "puits canadien", qui fonctionne sur le même principe bien que le but soit inverse, c'est à dire celui de faire gagner quelques degrés à la maison en utilisant la constance de température sous terre) est mis en place : il s'agit d'amener à l'intérieur du bâtiment un air frais ayant circulé sous terre, à environ 1 m 50 à 2 m de profondeur. En été, la température y est plus fraîche qu'en surface et avoisine les 18°C. Cet air circule dans le bâtiment, se charge en calories et s'évacue par des aérations en partie haute (cheminée solaire). Ce principe est très souvent utilisé dans les pays chauds, où la nécessité de maintenir fraîches les habitations est encore plus importante.

 

Le Centre d'application et de démonstration solaire du Castellet, entièrement construit en briques de terre crue, équipé de murs capteurs, d'un système de rafraîchissement naturel par puits canadien, de capteurs thermiques pour le chauffage et la production d'eau chaude sanitaire avec appoint intégré, de capteurs photovoltaïques pour l'alimentation électrique de l'éclairage... est encore aujourd'hui une référence en matière de construction bioclimatique. Rien d'étonnant à ce que la  Maison des Vins de Bandol en ait fait son siège : il subsiste en cette demeure, au plus fort de l'été, une fraîcheur digne de la grandeur des plus grands crus qu'elle abrite, et l'on se plait à penser que la brique de terre pourrait être le matériau de construction de toutes les futures caves de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
 

* Association créée en 1979